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    Hey Nostradamus de Douglas CouplandUn roman emprunt d’une tristesse continue ; après tout, la mort est continuellement présente, quoi que fassent les hommes. Mais comment la gérer au quotidien ? On a donc d’abord le regard Cheryl, jeune décédée, puis celui de Jason, son mari, morte dans ses bras, presque accusé de l’avoir tuée, tentant de remonter la pente, ensuite le récit de Heather, petite amie de Jason longtemps après les évènements, et enfin Reg, père de Jason, qui portera un regard amer sur sa vie, son constat d’échec – mais conservera toujours une lueur d’espoir, une foi, qui n’est pas forcément celle de la religion. Quatre récits, quatre visions du monde, quatre directions différentes et pourtant se recoupant, quatre évangiles, porteurs à leur manière d’un espoir à la suite d’un massacre.


    Pourquoi cette référence à Nostradamus ? Sans doute pour les nombreuses prières qui émaillent le récit, adressées à un Dieu lointain, incompréhensible car ayant laissé faire le pire. Ou bien par la position de chacun, par rapport à lui-même, aux autres, à Dieu, et à l’ambiguité de l’ensemble : finalement, il n’y a pas une réponse aux « grandes questions » mais une multitude, qui varient d’un individu à l’autre, qui fluctuent selon sa vie.


    Coupland décrit la pseudo-vie après la mort, la survie après la mort des autres, la survie de ceux qui vivent avec les survivants etc. (vous voyez l’idée ?) Rien de très gai, donc, malgré quelques pointes d’humour. L’absence, le manque remplissent les pages de « Hey Nostradamus », et chacun tente de le combler comme il le peut. Cela peut passer par la recherche de Dieu, par la colère, par la tentative de mener une vie d’ascète… Chacun sa méthode, mais Coupland plonge sa plume bien loin dans l’âme de ses personnages, passant leurs motivations, scrupules et autres petitesses au microscope, sans rien leur passer, obligés de tout dévoiler, vivants ou morts. Et Dieu dans tout cela ? Il participe à toutes les vies, mais n’affirme jamais sa présence ; à chacun, donc, de le voir là où il le souhaite.


    Le massacre des lycéens par des « mass murderers », trois gamins assassins pitoyables massacrant à l’arme à feu d’autres lycéens, est donc le point de départ, l’alpha et l’oméga. Comme le rappellent les personnages, cet évènement, bien que fondateur dans leur vie et dans celle de nombreux autres, n’a rien de positif, pas la moindre séquelle positive ; tandis que certains prient pour les meurtriers, d’autres essaient de trouver le sommeil, de comprendre comment certains croient en un Dieu qui laisse faire un tel massacre. Ainsi Coupland disserte sur la vie, la mort, les grandes questions de l’univers etc. Chargé continuement d’émotions, d’une foi, le roman déroule la vie de ses personnages patiemment, lentement, sûrement, telle la vie suivant son cours.


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    Coalescence de Stephen BAXTER

    Après l’enterrement de son père, George Poole découvre l’existence d’une sœur jumelle disparue à l’âge de quatre ans. Avec l’aide d’un ami d’enfance ayant tendance à voir des complots partout, jusqu’à l’échelle cosmique, il se lance à la recherche de sa sœur, dans une enquête qui le conduira sur les traces d’une étrange institution basée à Rome, l’Ordre de Sainte Marie Reine des Vierges...
    Parallèlement, on découvre la vie de Regina, jeune Romaine que la famille de Poole revendique comme son plus ancien ancêtre connu, qui assiste impuissante depuis sa Bretagne natale à l’effondrement de l’empire romain.

    Et voilà. On pouvait s’attendre, avec Baxter, à un roman plein d’imagination, dix idées à la page, du voyage et de l’émerveillement. Pour la partie voyage, on n’est pas déçu. Pour le reste, c’est beaucoup plus léger ; l’ensemble est très classique, et malgré l’indéniable talent de conteur de l’auteur, on s’ennuie ferme. Oui, il y a des liens entre les histoires ; oui, l’ordre perdure et vise à sa propre survie ; oui, il y aura des rebondissements ; oui, il y a une inspiration biologique et une explication théorique de la chose vers la fin, quand on est presque endormi. La partie historique est intéressante, les relations entre les personnages bien étudiées – quelle que soit l’époque – mais on s’ennuie (je l’ai déjà dit, non ?). Titre initiateur d’une trilogie, la suite pourrait pourtant se révéler beaucoup plus intéressante, de part l’ouverture finale de ce premier roman. A suivre donc…

     


  • Chronqiue du livre : LA VIE PROMISE de Julien ESTIVALC’est toujours un moment magique l’instant où la première chanson d’un album inconnu d’un artiste inconnu entre dans votre vie. Ce moment magique peut durer une demi-seconde, celle qui précède le début de la chanson, ensuite ce peut être une catastrophe, l’indifférence ou  l’émerveillement.  Dans le cas de l’album de Julien Estival intitulé “La vie promise” il n’a suffi que de quelques accords, d’une mélodie bien ficelée chantée par une voix chaleureuse et sans affèterie qui se propose de devenir “Un homme meilleur” - programme qui justifie que l’on accorde au reste de l’opus un droit de suite – on se dit qu’on est peut-être tombé sur la bonne affaire de l’année ; un de ces disques qui tournent en permanence sur la  platine comme une vieille bouilloire qu’on laisse sur le feu pour se faire du thé ou du café quand on en a besoin. Oui c’est exactement ça un bon album il vous paraît aussi familier que le sifflement de la bouilloire au fond de la cuisine. Il est toujours l’annonce d’un bon moment à passer.  

       Quand on sait la course d’obstacles que peut représenter aujourd’hui pour un artiste de trouver un producteur, une maison de disque et un tourneur on peut se demander s’il ne vaut mieux pas être jockey qu’artiste.  Les majors s’étant transformées en minors, leurs budgets de production s’étant réduit, au fil des pirateries commune sur le net, comme peau de chagrin ; l’éclosion de Julien Estival doit donc être considérée comme une pêche miraculeuse. Coup de filet de 11 titres équilibrés fort bien arrangés – surgissement d’un banjo dans “A ta manière” - des textes parfois rimbaldiens à la manière des “Soirs bleus d’été” ou “On est pas sérieux quand on a 17 ans…”, qui laisse les images surgir avec la grâce d’un auteur inspiré qui sait regarder le monde et nous le proposer avec juste ce qu’il faut de malice.  On appréciera la “constance des conifères” dans le titre “Les heures plus belles”  ou l’habile notation “si je convole c’est en fausses noces” dans “L’envol”, ou encore “Non ne m’envoie  pas sur les roses, si toutefois je ne te propose que des aveux, en somme peu de chose, des coups, des bleus des echymoses”  dans “Tels que nous sommes


  • livre :La promesse d'Hubert MingarelliIl s'agit d'un court roman avec pour thématiques principales le souvenir et l'amitié. Le personnage principal, Fedia, effectue un voyage en barque sur un lac, puis, il remonte une rivière dans l'espoir de rejoindre sa source et de réaliser la promesse qu'il a faite il y a plusieurs années. Il se doit de trouver le meilleur endroit possible pour y déposer un objet très précieux : une petite boîte contenant les cendres d'un ami très cher. Ce voyage lui permettra de se remémorer tout les bons moments qu'il a vécu avec son ami disparu, il sera pour lui le remède à son chagrin. Les deux hommes se sont rencontrés à l'école militaire alors qu'ils se formaient à la mécanique navale. Leur amitié aura été pour eux un élément essentiel pour leurs permettre de franchir les étapes d'une formation militaire difficile et de résister aux épreuves auxquelles ils ont été confrontés.

    C'est un récit plutôt lent et empli de nostalgie, avec son style très contemplatif et ses nombreuses (mais pas trop) descriptions l'auteur nous transporte dans un monde paisible. J'aime notamment beaucoup la manière dont il décrit les mouvements de l'eau, et l'absence de mouvement aussi. J'ai aimé le style.

  • Lecture : La délicatesse De David FoenkinosNathalie tombe folle amoureuse de François, qui l'a abordé dans la rue. Tout de suite entre les deux personnages, c'est le coup de foudre. Un amour vrai, sincère, fidèle et qui semblait indestructible. Mais un jour, François, maintenant le mari de Nathalie, décède brutalement. Comment l'héroïne va-t-elle pouvoir se reconstruire et reprendre goût à la vie ?

    Tout le roman tourne autour de cette reconstruction après la mort de l'être aimé. Comment parvenir à continuer à avancer, à refaire sa vie, quand l'homme avec qui l'on pensait finir sa vie, nous quitte brutalement ?

    C'est avec beaucoup de justesse et sans pathos que David Foenkinos nous livre un roman bouleversant, émotionnellement parlant et drôle. Oui, car le chic de l'auteur est aussi de mêler à la tragédie, la comédie... pour notre plus grand bonheur. J'ai tout de suite accroché à la plume de l'auteur qui colle parfaitement au récit. Le style est travaillé sans être compliqué. La lecture est fluide. Les chapitres narratifs sont parfois entrecoupés de minuscules chapitres/intermède tels que "Exemples de dictons ridicules que les gens adorent répéter", "Article Wikipedia concernant les PEZ", "Propos tenus par Ségolène Royal, au moment où elle est menée de 42 voix". Ces petites interludes ont pour effet de dédramatiser le récit, d'apporter un peu plus de fraîcheur. Ces passages m'ont bien fait sourire, tant ils sont cocasses.

    Si pendant les trois premiers chapitres (qui sont très mince, je vous rassure) j'ai eu peur de ne pas m'attacher à Nathalie, à cause de la vitesse avec laquelle David Foenkinos passait en revue sa vie, il n'en fut pas le cas ; très vite, elle a pris possession de moi. Ainsi, je me suis laissée emporter par la vague d'émotions qui m'a assaillit tout au long de cette lecture. 

     J'ai lu le roman rapidement (en un après-midi) et, il m'en restera un souvenir impérissable. Ce livre m'a touché et j'ai carrément craqué sur la plume de l'auteur. J'ai d'ailleurs bien envie de continuer à lire d'autres ouvrages de lui, sans plus attendre (vive la médiathèque !).

     

    La délicatesse De David FoenkinosEditions France Loisirs - 2011272 pages




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