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    Avis sur Notre-Dame des loups d'Adrien TomasTrès loin de l’univers des Six royaumes, Adrien Tomas nous entraine cette fois en plein 19e siècle, au cœur de l’ouest sauvage et glacé. L’auteur fait revivre sous sa plume, en quelques traits précis, les grands moments du western : les étendues désolées, le cri des colts, un monde âpre et brutal…

     

    Nous y suivons une troupe de veneurs, lancés dans la traque sanglante et impitoyable de la Dame, la mère de tous les loups-garous. En poursuivant ses rejetons, ils sont tombés sur sa trace et sont bien décidés à ne plus la lâcher. C’est un combat à mort, pour eux comme pour elle. Il ne peut y avoir qu’un vainqueur.

     

    La vénerie est un sacerdoce, et une fois que l’on entre dans ses rangs, c’est pour toujours. Les sept protagonistes qui portent le roman sont des êtres troubles, durs et marqués par la vie. Ils nous offrent tous un visage différent et des motivations personnelles pour s’être joint au groupe. C’est petit à petit que nous apprenons à les connaître, et c’est passionnant de les découvrir.

    Grâce à ces personnages riches et très bien caractérisés, ce court roman se dévore d’une seule traite. On ne s’ennuie pas une minute avec cette aventure rythmée et efficace. La construction, particulièrement habile, est au service du récit.

     

    La tension est omniprésente et le final, jubilatoire !


  • A lire : Les Arcanes du chaos , de Maxime  Chattam Dans son roman "Les Arcanes du chaos", Chattam nous emmène dans un voyage sombre et complexe à travers les arcanes de l'âme humaine

    1. Un inspecteur torturé
    Le protagoniste de "Les Arcanes du chaos" est un inspecteur de police nommé Frank Sharko. Brillant, mais tourmenté par ses démons intérieurs, Sharko est plongé dans une enquête complexe impliquant des meurtres en série. Chattam explore magistralement la psychologie de Sharko, nous montrant les sombres recoins de son esprit tout en maintenant le suspense croissant.

    2. Une course contre la montre
    Le livre nous entraîne dans une course haletante contre le temps alors que Sharko s'efforce de résoudre le puzzle macabre qui se présente à lui. Chattam utilise habilement des rebondissements inattendus et des cliffhangers pour maintenir notre intérêt tout au long de l'histoire, nous tenant en haleine jusqu'à la dernière page.

    3. Le pouvoir des énigmes
    "Les Arcanes du chaos" est rempli d'énigmes complexes et de codes cryptés qui défient l'esprit des personnages et des lecteurs. Chattam nous invite à réfléchir et à participer activement à la résolution de ces mystères fascinants, nous rendant complices de Sharko dans sa quête de vérité.
    À travers son récit, Chattam nous expose de manière saisissante la face sombre de la société. Il explore des thèmes troublants tels que la violence, l'aliénation et la manipulation, mettant en lumière les aspects les plus sombres de l'âme humaine. Cela crée une tension palpable et nous pousse à remettre en question notre vision du monde.


    4. Une plongée dans l'horreur
    "Les Arcanes du chaos" est un livre sombre et troublant qui vous transporte dans des abysses de terreur et de suspense. Chattam excelle dans la création d'une atmosphère oppressante et angoissante, nous faisant frissonner à chaque tournant de page. Les amateurs de frissons seront comblés par l'intensité de ce récit captivant.

    En conclusion, "Les Arcanes du chaos" de Maxime Chattam est un livre qui vous happe dès les premières pages et ne vous laisse pas respirer jusqu'à la fin. Ce roman stimule notre intellect tout en sollicitant nos émotions les plus profondes, nous offrant une expérience de lecture mémorable. Si vous êtes prêt à plonger dans un univers sombre et complexe, ce livre est fait pour vous.


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    Avis sur le livre : Les Gens du Balto de Faïza GuèneCe polar délirant, décapant et cru est à mon sens l’un des meilleurs de l’année… Organisé autour d’une intrigue policière, on voit rapidement se profiler, derrière ce schéma dit "choral" (chaque personnage, suspect du meurtre, parle à son tour), une analyse fine et cocasse de la vie ordinaire d’une banlieue pavillonnaire…

    'Les gens du Balto' change véritablement des romans érudits, dits "littérairement riches" dont on nous fait toujours l’apologie… Ici, pas de fioriture, pas de tournificotage autour d’un vocabulaire recherché mais seulement le langage vrai, le parler actuel. Le meurtre de Jojo, le patron du bar, n’est donc qu’un prétexte pour les habitants de Joigny-les-Deux Bouts pour raconter leurs problèmes : les bobos d’une population en mal de reconnaissance. Car tous à leur façon sont exclus : par leur couleur de peau comme Tanièl, par le chômage qui a rendu Coco - ancien plaquiste -  fanatique de jeux télévisés et finalement les séparent par des conflits générationnels : « Mes parents, ils sont bloqués dans une sphère temporelle. […] Le minitel avec clavier à chiffres romains c’est terminé !

    Debout là-dedans. » Voilà ce qui fait la richesse de ce livre : la dénonciation des problèmes actuels vécus par les "vrais gens" avec évidemment une plume Faïza Guène qui y est pour beaucoup. Un roman simple, touchant et hilarant à mettre entre toutes les mains !

    Les Gens du Balto de Faïza Guène, Editeur : Hachette Littératures, Publication :20/8/2008 


  • critique de  Globe-trotter de David AlbahariRue du Glouton, rue du Grizzli, rue du Bison. La ville de Banff,au cœur des Rocheuses canadiennes, ressemble à un Disneyland, à quelque chose d’artificiel – un truc hors du temps, hors du monde, c’est-à-dire hors des guerres. L’Amérique du Nord, bien calée dans les starting-blocks de l’avenir, ignore – ou oublie, c’est pareil – qu’un bout d’Europe, désormais nommée « ex » comme ex-Yougoslavie, était il y a peu de temps encore à feu et à sang. David Albahari est lui aussi un ex. Serbe, juif, bosniaque, il s’est exilé en 1994 à Calgary, Alberta, où il enseigne à l’université. Son quatrième livre traduit en français (un superbe tour de force !) met en scène, dans cette étrange ville de Banff, un peintre (du pays) qui est aussi le narrateur, un écrivain de passage (serbe, juif) et un petit homme gris, né au Canada mais de parents croates. Le trio, plutôt improbable, divague, fait du dérapage contrôlé pseudo-littéraire ou philosophico-railleur.
    Ils dissertent, parfois toutes griffes dehors, sur l’art de créer, leur appartenance à une solitude inéluctable, ou encore sur l’histoire, qui serait une sorte de garce. Ils boivent énormément, se racontent des balivernes qui se révèlent toutes choses extrêmement sérieuses. Et s’interrogent : y a-t-il de bons et – à l’inverse – de mauvais peuples ?


    David Albahari les fait s’enivrer d’élucubrations aussi drôles que fracassantes, entre innocence et identité bousillée, utopie et désespérance. Il prête à leur mal de vivre une écriture proche de la soûlographie. Les phrases sont trompeuses, longues, hantées de réminiscences douloureuses, ponctuées d’insolite, mais elles approchent – et c’est magique – la grâce.
    David Albahari et ses compatriotes Vladimir Tasic (exilé lui aussi au Canada) et Svetislav Basara (1) décrassent la littérature.


    Ils ne craignent ni de dire, ni, surtout, d’inventer une écriture.

     

     


  • La phrase est flamboyante, la voix exaltée, le propos furieux. Le récit, tendu jusqu’à rompre, s’élance pour ne jamais faiblir, court droit vers son but, enfle et se charge de page en page, il a le souffle de l’épopée, la couleur de la légende, il porte la folie comme un étendard. Daniel Arsand, qui a le goût des personnages fantasques, habités par leurs obsessions, sert à merveille cette histoire incandescente. Et l’on suit sans fléchir cet étrange testament d’un jeune homme de 19 ans condamné à la prison à vie pour le meurtre de quelques amants et le massacre de sa tante, coupable d’avoir voulu prendre la place de sa mère, qu’elle aimait discrètement. « Je m’appelle Jo Harfang et je viens des confins du monde », proclame cet héritier d’une mémoire familiale qui ne cesse de le hanter, pleine de tumulte et de vacarme, une « rude et lunaire » lignée marquée par la passion des chevaux, de la solitude et de la domination.

    un peu comme ces livre d'astrologie sortis en 2023

    Le roman en parcourt à grands traits les principaux épisodes, de siècle en siècle, avant d’en venir à celui qui hurle de sa prison : « Je suis un prince d’ici-bas. J’étais un dieu. Je le suis encore. » Un dieu qui se voyait, à 14 ans, pareil aux cavaliers de l’Apocalypse, « annonciateurs des pires fléaux », un justicier qui propage le feu et la foudre.


    Daniel Arsand sort haut la main de cette histoire plutôt casse-gueule. Des chevaux noirs est un roman singulier, baroque, haletant, un diamant noir qu’un rebondissement de dernière page vient faire briller d’un éclat plus étrange encore qu’on l’avait imaginé…

     

    Des chevaux noirs de Daniel Arsand, Ed. Stock, 175 p., 15,50 €.





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