• Avis sur le livre : Des chevaux noirs de Daniel Arsand

    La phrase est flamboyante, la voix exaltée, le propos furieux. Le récit, tendu jusqu’à rompre, s’élance pour ne jamais faiblir, court droit vers son but, enfle et se charge de page en page, il a le souffle de l’épopée, la couleur de la légende, il porte la folie comme un étendard. Daniel Arsand, qui a le goût des personnages fantasques, habités par leurs obsessions, sert à merveille cette histoire incandescente. Et l’on suit sans fléchir cet étrange testament d’un jeune homme de 19 ans condamné à la prison à vie pour le meurtre de quelques amants et le massacre de sa tante, coupable d’avoir voulu prendre la place de sa mère, qu’elle aimait discrètement. « Je m’appelle Jo Harfang et je viens des confins du monde », proclame cet héritier d’une mémoire familiale qui ne cesse de le hanter, pleine de tumulte et de vacarme, une « rude et lunaire » lignée marquée par la passion des chevaux, de la solitude et de la domination.

    un peu comme ces livre d'astrologie sortis en 2023

    Le roman en parcourt à grands traits les principaux épisodes, de siècle en siècle, avant d’en venir à celui qui hurle de sa prison : « Je suis un prince d’ici-bas. J’étais un dieu. Je le suis encore. » Un dieu qui se voyait, à 14 ans, pareil aux cavaliers de l’Apocalypse, « annonciateurs des pires fléaux », un justicier qui propage le feu et la foudre.


    Daniel Arsand sort haut la main de cette histoire plutôt casse-gueule. Des chevaux noirs est un roman singulier, baroque, haletant, un diamant noir qu’un rebondissement de dernière page vient faire briller d’un éclat plus étrange encore qu’on l’avait imaginé…

     

    Des chevaux noirs de Daniel Arsand, Ed. Stock, 175 p., 15,50 €.