• Effets « mutatifs » des processus de création du savoir anthropologique

     

    Entreprendre une étude anthropologique de terrain suppose qu’il y ait une sorte de co-construction entre l’objet et son sujet c’est-à-dire entre l’objet et l’anthropologue. Il n’y aurait pas d’avant et pas d’après dans cette décision, au travers de ce choix. L’Autre participerait à cette recherche et le thème de cette recherche ne serait pas assimilable à un statut d’objet en ce sens qu’il ne relèverait pas de l’interprétation mais d’une recherche commune. Etudier l’Autre qu’il soit proche ou lointain, semblable ou différent, c’est aussi et nécessairement faire l’expérience de l’étrangeté, c’est se risquer à l’aventure et dans une certaine mesure à la déraison humaine.

     

    En situation, ce choix relève nécessairement d’une appartenance partielle au sujet. Ainsi l’identité sociale de l’anthropologue rendue incertaine et relative, pour être reconnue, doit passer par sa propre analyse, exprimant par-là une nécessité déontologique, celle de faire sa propre analyse en ce qu’elle pourrait nous éclaircir non sur le sujet lui-même mais sur les choix du sujet, sur la teneur scientifique de son étude et sur les glissements d’affects, de représentations, d’interprétations qui mettraient éventuellement en jeu le principe du transfert et du contre-transfert bien connu des psychanalystes. Cela reviendrait à se demander s’il existerait dans l’histoire du chercheur des éléments susceptibles d’interférer ou de modifier le terrain anthropologique, les résultats et le bon déroulement de ses travaux ? Plus directement, qu’est-ce qui l’a poussé à choisir cet objet d’étude ? Pourquoi et surtout pour qui œuvre t-il ?

     

    Autant de questions fondamentales qui ne pourront être élucidées qu’au terme d’un cheminement parfois long et assidu.